2

 

 

 

Zarfo fit son entrée dans l’auberge, chargé de robes serais et de casques à cimier.

— Enfilez ces vêtements. Vous gagnerez peut-être une ou deux heures. Et hâtez-vous… le char est prêt à partir.

— Un moment. (Reith inspecta l’esplanade.) Qui sait s’il n’y a pas d’autres espions à l’affût de nos mouvements ?

— Eh bien, nous n’avons qu’à passer par-derrière. On ne peut pas prévoir toutes les éventualités.

Reith ne fit pas d’autres commentaires. Zarfo commençait à devenir irascible et il avait hâte de voir le trio quitter Smargash – pour n’importe quelle destination.

Ils se dirigèrent en silence vers le véhicule, chacun plongé dans ses pensées. Zarfo reprit la parole :

— Ne parlez à personne. Vous n’aurez qu’à faire semblant de méditer : c’est comme cela que se comportent les Serafs. Quand le soleil se couchera, tournez-vous vers l’est et braillez : « Ah-oo-tcha ! » Personne ne sait ce que ça veut dire mais c’est ce que font les Serafs. Si l’on vous pose des questions avec insistance, répondez que vous allez acheter des essences. Et maintenant, montez ! Puissiez-vous ne pas rencontrer les Dirdir et réussir dans toutes vos entreprises. Sinon, rappelez-vous qu’on ne meurt qu’une fois !

— Merci pour cette consolation, dit Reith.

Le chariot motorisé à huit roues s’ébranla ; il sortit de la ville et s’enfonça dans la plaine en direction de l’ouest. Reith, Anacho et Traz étaient seuls dans le compartiment arrière.

L’Homme-Dirdir était pessimiste :

— Les Dirdir ne seront pas longtemps dupes du subterfuge et les obstacles ne feront qu’attiser leur ardeur. Sais-tu que les jeunes sont comme des bêtes fauves ? Il faut d’abord les dompter, puis les dresser et les instruire. L’esprit dirdir demeure sauvage. Ils conservent le goût de la chasse.

— J’ai tout autant le goût de l’autoconservation, répliqua Reith.

Le soleil disparut derrière l’horizon et le paysage s’enveloppa de grisaille. Le chariot fit halte dans un petit village lugubre et les passagers en profitèrent pour se dégourdir les jambes ; ils burent de l’eau saumâtre à un puits et marchandèrent des galettes que vendait une vieille commère racornie qui en demandait un prix extravagant et ne faisait que rire bruyamment de leurs contre-propositions. Enfin, le véhicule se remit en marche, abandonnant la vieille, qui bougonnait à côté de son plateau.

À la pénombre terre-de-Sienne succédèrent les ténèbres. Un hululement fantomatique balaya l’étendue désolée : l’appel des molosses de la nuit. Az, la lune rose, se leva à l’est, précédant de peu Braz, la bleue. Devant le chariot se dressa la haute masse d’un piton rocheux que Reith supposa être une ancienne cheminée volcanique. Trois pâles lueurs jaunes scintillaient à son sommet. Le Terrien braqua son sondoscope[1] : c’étaient les ruines d’un château.

Il fit un somme d’une heure. Quand il se réveilla, le véhicule longeait la berge sablonneuse d’une rivière ; sur la rive opposée, des psillas se silhouettaient sur le ciel que baignait la clarté des lunes. Un peu plus tard, les voyageurs passèrent devant un manoir décrépit hérissé de coupoles, apparemment inhabité et tombant en ruine.

Une demi-heure s’écoula encore. Il était minuit quand le chariot s’arrêta sur la place d’un gros bourg pour y passer la nuit et les voyageurs s’installèrent pour dormir, qui sur leur banc, qui sur le toit du véhicule.

Enfin 4269 de La Carène se leva, disque d’ambre à l’éclat froid, et dissipa peu à peu la brume matinale. Des colporteurs proposèrent leur marchandise aux passagers : viandes marinées, boulettes, morceaux d’écorce bouillie, gousses d’herbe à pèlerin grillées, et tout le monde se restaura. Puis l’on repartit, toujours vers l’ouest, en direction des Monts de la Bordure dont les cimes escaladaient maintenant le ciel. De temps en temps, Reith scrutait le firmament au sondoscope, mais il n’y avait aucune trace de leurs poursuivants.

— C’est encore trop tôt, fit Anacho d’une voix morne. N’aie crainte, ils viendront.

À midi, le chariot atteignit Siadz, son terminus : une douzaine de cabanes de pierres rondes ceinturant un puits.

Au grand dépit de Reith, il apparut impossible de trouver un moyen de transport quelconque, que ce fût un chariot à moteur ou un cheval-sauteur, pour franchir la chaîne.

— Sais-tu ce qu’il y a de l’autre côté ? s’exclama l’Ancien du village. Les gouffres.

— N’existe-t-il pas une piste ? Une route commerciale ?

— Qui oserait pénétrer dans le pays des gouffres, même pour faire du négoce ? Quelle sorte de gens êtes-vous donc ?

Anacho répondit :

— Nous sommes des Serafs qui cherchons des racines d’asofa.

— Ah ! Les Serais et leurs parfums ! J’ai entendu parler de vous. Eh bien, ne perdez pas votre temps à chercher à nous en imposer avec vos sempiternelles singeries : nous sommes un peuple simple. N’importe comment, il n’y a pas d’asofa dans les gouffres. Il n’y pousse que des prurigons, des mousselus et des craque-boyaux.

— Cela ne fait rien. Nous irons quand même explorer la région.

— À votre guise. Il paraît qu’il y aurait une ancienne route vers le nord, mais pour autant que je sache, nul ne l’a jamais vue.

— Quelle espèce de gens habitent les gouffres ? Sont-ils hospitaliers ?

— Des gens ? Tu veux rire ! Il y a quelques pysantillas, des kors rouges sous tous les rochers et des oiseaux-présages. Si vous avez beaucoup de malchance, vous risquez de tomber sur un sauvruel.

— Un pays sinistre, dirait-on !

— Ah la la ! Mille miles de chaos ! Et pourtant, qui sait ? Là où le lâche n’ose s’aventurer, le héros peut trouver la gloire. Peut-être est-ce ce qui vous arrivera avec vos parfums. Dirigez-vous vers le nord et tâchez de trouver l’ancienne route qui rejoint la côte. Ce ne sera rien de plus qu’une trace émiettée. Mais, au crépuscule, mettez-vous à l’abri car les molosses de la nuit hantent cette désolation !

— Tu nous as convaincus, dit Reith. Nous repartirons vers l’est avec le chariot à moteur.

— C’est la sagesse ! Voyons ! Serafs ou pas, à quoi bon courir au suicide ?

Le Terrien et ses compagnons rebroussèrent chemin à bord du véhicule et, un mile plus loin, ils sautèrent à terre sans se faire remarquer. Le chariot s’éloigna en cahotant vers l’est et ne tarda pas à s’évanouir dans la grisaille aux reflets d’ambre.

Le silence régnait tout autour d’eux. Sur le sol gris et accidenté poussaient ici et là des buissons épineux d’une teinte saumon et, à des intervalles encore plus éloignés, des touffes d’herbe à pèlerin dont la vue suscita une sombre satisfaction chez Reith, qui laissa tomber :

— Tant qu’il y aura de l’herbe à pèlerin, nous ne mourrons pas de faim.

Traz émit un grognement dubitatif.

— Il est préférable d’atteindre les montagnes avant la nuit. En plaine, trois hommes ne peuvent rien contre les molosses.

— Nous avons une raison encore plus pressante de nous hâter, renchérit Anacho. Les Dirdir ne se laisseront pas berner très longtemps.

Reith scruta le ciel vide, le paysage sinistre.

— Peut-être se décourageront-ils.

— Jamais ! Quand on déjoue leurs plans, cela les excite et les remplit d’une ardeur farouche.

— Les montagnes ne sont pas loin. Il n’y aura qu’à se dissimuler dans l’ombre des rochers ou dans un ravin.

Il leur fallut une heure de marche pour parvenir à la muraille de basalte désagrégé. Soudain, Traz s’immobilisa, flairant le vent. Reith ne sentait rien mais il avait appris depuis longtemps à s’en remettre à l’acuité sensorielle du jeune homme.

— Des fientes de Phung[2], murmura celui-ci. Qui datent de deux jours environ.

Le Terrien inspecta son pistolet avec nervosité. Il lui restait huit projectiles. Lorsqu’il les aurait épuisés, l’arme serait sans utilité. Sa chance était-elle en train de l’abandonner ? se demanda-t-il.

— Ce Phung est-il à proximité ?

Traz haussa les épaules.

— Les Phung sont des créatures démentes. Si cela se trouve, il y en a un derrière ce bloc de pierre.

Reith et Anacho regardèrent autour d’eux avec inquiétude.

— Les Dirdir sont le danger numéro 1, dit finalement Anacho. Nous sommes entrés dans la phase critique. Ils doivent avoir relevé les traces de notre présence à bord du chariot et ils peuvent facilement nous suivre jusqu’à Siadz. Cependant, nous ne sommes peut-être pas entièrement démunis, surtout s’ils n’ont pas de matériel de repérage du gibier.

— C’est-à-dire ? voulut savoir Reith.

— Des instruments qui détectent l’odeur de l’homme ou son rayonnement calorifique. Certains décèlent une piste grâce à la chaleur résiduelle des empreintes de pas, d’autres, sensibles aux exhalaisons de l’anhydride carbonique, permettent de localiser une proie dans un rayon de cinq miles.

— Et une fois qu’ils l’ont capturée, que font-ils ?

— Les Dirdir sont réactionnaires. Ils nient le changement. La chasse n’est pas une nécessité pour eux : c’est une force intérieure qui les pousse à chasser. Ils se considèrent comme des bêtes de proie et ne connaissent aucune inhibition.

— Autrement dit, ils nous dévoreront, fit Traz.

Reith médita dans un silence lugubre. Enfin, il murmura :

— Eh bien, il ne faut pas se faire capturer.

— On ne meurt qu’une fois, comme disait Zarfo le Lokhar.

— Regarde cette brèche, reprit l’adolescent en désignant un point de la paroi. S’il y a une route, elle doit passer par là.

Tous trois, ruisselants de sueur et sans cesser de scruter le ciel, pressèrent le pas, se faufilant entre d’arides monticules de terre grise et compacte, contournant des taillis d’arbustes épineux et des champs d’éboulis. Ils atteignirent la trouée, mais il n’y avait pas la moindre trace de route. Si jamais il en avait existé une, les dépôts détritiques et l’érosion l’avaient effacée depuis longtemps.

Soudain, Anacho exhala une sourde exclamation.

— Le glisseur ! Le voilà ! La chasse a commencé.

Reith refoula la vague de panique qui s’emparait de lui. Il examina la brèche. En son centre s’égouttait un petit ruisseau qui formait une mare stagnante. À droite, un à-pic. À gauche, un éperon massif projetant une ombre épaisse et, au fond, une tache encore plus noire. C’était l’entrée d’une grotte.

Les fugitifs se tapirent derrière les éboulis qui obstruaient à moitié le ravin. Au-dessus de la plaine, l’appareil dirdir fonçait en direction de Siadz avec une sorte de délibération qui glaçait le sang.

— Ils ne peuvent pas déceler la chaleur que nous rayonnons dans ce chaos de rochers, dit Reith sur un ton neutre. Le vent pousse le gaz carbonique vers la trouée.

Il se retourna pour inspecter la vallée.

— Inutile de fuir, fit Anacho. Il n’y a pas de sanctuaire. S’ils nous ont suivis jusqu’ici, ils continueront de nous traquer éternellement.

Cinq minutes plus tard, le glisseur réapparut. Tournant le dos à Siadz dont il revenait, il volait à deux ou trois cents pieds d’altitude, face à l’est. Subitement, il vira et se mit à décrire des cercles.

— Ils ont retrouvé notre piste, annonça Anacho, fataliste.

Coupant à travers la plaine, l’appareil filait maintenant droit sur la brèche. Reith empoigna son pistolet.

— Il me reste huit dards. De quoi réduire huit Dirdir en poussière.

— Même pas un seul ! Ils ont des boucliers efficaces contre ce genre de projectile.

Encore une demi-minute et le glisseur serait juste au-dessus d’eux.

— Le mieux serait de nous réfugier dans la grotte, suggéra Traz.

— C’est manifestement un repaire de Phung ou un boyau d’accès des Pnume, maugréa Anacho. Non ! Mourons proprement… à l’air libre !

Mais Traz insista :

— Nous pourrions traverser cette mare et nous abriter sous le surplomb. Comme cela, la piste sera coupée. Peut-être qu’ils suivront alors le ruisseau jusqu’à la vallée.

— Il est certain que, si nous demeurons là où nous sommes, c’en est fait de nous.

Ils s’élancèrent au pas de course vers la mare peu profonde dans laquelle ils pataugèrent, Anacho surveillant les arrières avec entrain, et se blottirent sous le saillant. L’odeur de Phung était lourde et pénétrante.

Le glisseur surgit au-dessus de la croupe opposée.

— Ils vont nous voir ! lança Anacho d’une voix blanche. Nous sommes à découvert !

— La grotte ! siffla Reith. Au fond… tout au fond !

— Les Phung…

— Il se peut qu’il n’y en ait pas, mais les Dirdir, eux, sont bien là !

Et le Terrien s’enfonça dans l’obscurité, imité par Traz et par un Anacho réticent. L’ombre du glisseur passa sur la mare et s’éloigna rapidement en suivant l’axe de la vallée.

Reith alluma sa lampe et le faisceau balaya la grotte. Vaste et irrégulière, elle disparaissait dans les ténèbres. On enfonçait jusqu’aux chevilles dans une litière de nodules et de lamelles brun clair. Les parois étaient incrustées de boules cornées de la grosseur du poing.

— Ce sont des larves de molosses de la nuit, murmura Traz.

Ils demeurèrent silencieux un moment.

Anacho s’approcha de l’entrée, jeta prudemment un coup d’œil à l’extérieur et recula précipitamment.

— Ils ont perdu notre piste. Ils tournent en rond.

Reith éteignit sa lampe et, à son tour, se dirigea vers l’entrée de la grotte. À moins de cent mètres de là, l’aéroglisseur était en train d’atterrir sans faire plus de bruit qu’une feuille morte. Dès qu’il se fut posé, cinq Dirdir sautèrent à terre. Après un bref conciliabule, ils se mirent en marche. Chacun était muni d’un long bouclier transparent. Ils avançaient vers la brèche. Comme obéissant à un signal, deux d’entre eux bondirent en avant tels des léopards d’argent, scrutant le sol. Deux autres leur emboîtèrent le pas en sautillant, l’arme prête. Le cinquième demeura à l’arrière-garde.

Soudain, les Dirdir de tête s’arrêtèrent net et échangèrent des couinements et des grognements singuliers.

— Leur langage de chasse, expliqua Anacho à voix basse. Il remonte à l’époque où ils étaient encore des bêtes fauves.

— Ils n’ont guère changé.

Les Dirdir s’immobilisèrent devant la mare. Ils regardaient autour d’eux, écoutaient, humaient le vent. Ils savaient visiblement que leurs proies étaient toutes proches. Reith braqua son pistolet, mais il ne pouvait viser car les Dirdir déplaçaient constamment leurs boucliers. Il y en avait un qui examinait la vallée à la jumelle. Un second tenait un instrument devant ses yeux. Presque tout de suite, quelque chose éveilla son intérêt : un seul bond puissant le porta à l’endroit où le trio avait fait halte avant d’aller se réfugier dans la grotte. Se fiant toujours à son noir instrument, il remonta la piste conduisant au plan d’eau, puis se mit à inspecter la bande de terrain que surplombait la corniche. Il lança de nouveau une série de couinements et de grognements. Les boucliers frémirent.

— Ils ont vu la caverne, balbutia Anacho. Ils savent où nous sommes.

Reith se tourna vers les obscures profondeurs de leur abri.

— Il y a un Phung par-derrière, dit Traz d’une voix placide. S’il n’y est pas, en tout cas, il n’y a pas longtemps qu’il est parti.

— Comment le sais-tu ?

— Je flaire son odeur. Je sens la pression.

Reith tourna de nouveau son attention sur les Dirdir.

Ils approchaient pas à pas, un halo d’étincelles crépitant autour de leur crâne.

— Tout le monde au fond ! lança Reith sur un ton rauque et farouche. On arrivera peut-être à leur tendre une embuscade.

Anacho laissa échapper un grognement étouffé, Traz ne dit rien et tous les trois battirent en retraite dans l’obscurité. Leurs pieds s’enfonçaient dans la litière de grenaille.

Traz toucha le bras de Reith et lui souffla à l’oreille :

— Tu vois cette lumière derrière nous ? Le Phung est tout près.

Le Terrien s’immobilisa, s’efforçant d’accoutumer sa vision aux ténèbres. Il ne voyait aucune lumière. Le silence était oppressant.

À présent, il avait l’impression de percevoir un infime crissement. Il rebroussa chemin en rampant avec un grand luxe de précautions, son pistolet au poing. Cette fois, il remarqua une lueur, un reflet jaune et tremblotant qui dansait sur la paroi de la caverne. Le scrape-scrape-scrape était plus distinct. Avec la plus grande circonspection, Reith jeta un coup d’œil de l’autre côté d’un pan de rocher.

Dans une chambre latérale, un Phung était assis, lui tournant le dos, occupé à polir ses plaques brachiales à l’aide d’une lime. La lueur jaune provenait d’une lampe à huile. Un bonnet noir à large bord et une cape étaient accrochés à un piton.

Quatre Dirdir étaient massés devant l’entrée de la caverne, protégés par leurs boucliers. Ils n’avaient d’autre instrument d’éclairage que les hautes gerbes d’étincelles qui s’irradiaient de leur crâne.

Traz arracha une des boules coriaces incrustées dans le mur et la lança en direction du Phung, qui émit une sorte de gloussement de surprise, puis le jeune nomade obligea ses compagnons à se dissimuler derrière le pan de rocher.

Le Phung émergea de sa retraite. La lampe plaquait son ombre vacillante sur la paroi. Il recula pour réapparaître de nouveau, mais cette fois il avait sa cape et son bonnet. Il resta quelques instants immobile et silencieux, à peine à plus d’un mètre de Reith, qui était persuadé que la créature entendait les battements de son cœur.

Les Dirdir firent trois bonds en avant. Leurs nimbes illuminaient faiblement la salle de leur éclat blanc. Le Phung enveloppé dans sa cape était comme une statue de près de deux mètres de haut. Il poussa encore un ou deux gloussements de dépit et se précipita brusquement à la rencontre des Dirdir en faisant de petits sauts virevoltants. Un court instant, les Dirdir et lui s’observèrent dans un impressionnant silence, puis le Phung écarta les bras, empoigna deux des assaillants et les broya l’un contre l’autre. Les survivants reculèrent et pointèrent leurs armes. Le Phung, se ruant sur eux, fit voler celles-ci au loin et entreprit d’arracher la tête d’un de ses adversaires. L’autre prit la fuite en compagnie du cinquième Dirdir qui était resté dehors pour monter la garde. Tandis qu’ils traversaient la mare au pas de course, le Phung se livra à une sorte de curieux pas de danse sur place avant de se ruer à leur poursuite. D’un bond, il les dépassa à grand renfort d’éclaboussures, sauta sur l’un des fuyards, le renversa et le maintint sous l’eau. Puis il s’élança sur les talons de l’autre, qui avait pris les jambes à son cou et fonçait vers la vallée.

Reith, Traz et Anacho jaillirent hors de la caverne et se ruèrent en direction du glisseur. Le Dirdir survivant les aperçut et poussa un cri de désespoir qui détourna un instant l’attention du Phung. L’autre en profita pour se jeter derrière un rocher et, filant comme un dératé, passa devant son poursuivant et alla récupérer une des armes que celui-ci avait fait tomber des mains et tira. Le Phung s’effondra, une jambe complètement calcinée.

Pendant ce temps, Reith, Traz et Anacho montaient précipitamment à bord du glisseur. Anacho s’installa aux commandes. Le Dirdir poussa un hurlement de protestation et s’élança en courant vers l’appareil. Le Phung fit alors un bon prodigieux et s’abattit sur lui dans un grand envol de cape. Quand le Dirdir ne fut plus qu’un monceau d’os et de peau, il sautilla jusqu’à la mare au milieu de laquelle il s’immobilisa, contemplant d’un air morne sa jambe dépareillée dans l’attitude d’un héron.

Le Dirdir
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